Rencontre avec la délégation Sénégalaise du CRFPE de St Louis

Nous avons ainsi rencontré Seydi Guissé, directeur du CRFPE de St Louis, Papa Allé DIAGNE, directeur des études du CRFPE de St Louis et Oumar Dia, étudiant en master 2 EDLF :

INSPÉ Lille HdF : Pouvez-vous vous présenter ?

Seydi Guissé : Bonjour je m’appelle Seydi Guissé. Je suis le directeur du Centre Régional de Formation des Personnels de l’Education (CRFPE) de St Louis du Sénégal. Notre établissement est chargé de former les instituteurs et d’accompagner les professeurs en formation continue.

Papa Allé DIAGNE : Bonjour, je m’appelle Papa Allé Diagne. Je suis inspecteur de l’éducation et de la formation et je suis le directeur des études du CRFPE de St Louis.

Oumar Dia : Je m’appelle Oumar Dia. Je suis formateur en didactique du français au CRFPE de St-Louis mais auparavant j’avais déjà dispensé des cours en législation et je suis en 4^ème année au centre.  

 

INSPÉ Lille HdF : Pouvez-vous nous expliquer pour quelles raisons vous vous trouvez ici aujourd’hui, à l’INSPÉ de l’académie de Lille Hauts-de-France ?

Seydi Guissé : Depuis 2014 le CRFPE est en partenariat avec l’INSPÉ. Ce partenariat a connu un développement avec l’assistance du programme Erasmus +, qui favorise des mobilités à l’enseignement et des mobilités étudiantes. C’est donc dans ce cadre-là que nous sommes là.

 

INSPÉ Lille HdF : Pourriez-vous revenir sur les enjeux de ce partenariat et sa finalité ?

Seydi Guissé : Nous sommes dans le même champ d’activité. Les deux institutions ont prioritairement la vocation de former des enseignants. C’est donc cela qui favorise la coopération et, dans cette relation, le centre bénéficie de l’appui technique de l’INSPÉ en matière d’expertise de la formation. C’est pourquoi tous nos étudiants sont inscrits en master Expertise de la formation (EDLF). C’est une opportunité pour nous de qualifier davantage nos formateurs.

 

INSPÉ Lille HdF : M. Oumar Dia, pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste ce stage, ce master en Expertise De La Formation ?

Oumar Dia : Il s’agit surtout de renforcer nos capacités, nos compétences dans le cadre de la formation. Il est toujours bon d’échanger, de diversifier les expériences et voir aussi ce qu’il est possible de transférer, de transposer dans les formations que nous menons au CRFPE de St Louis.

 

INSPÉ Lille HdF : Pourriez-vous nous expliquer comment est actuellement structurée la formation de formateurs au Sénégal ? Avez-vous pu identifier les différences entre le CRFPE de St Louis au Sénégal et l’INSPÉ Lille HdF.

Papa Allé DIAGNE : Il faut le reconnaitre la formation des formateurs au Sénégal n’est pas encore très institutionnalisée. Quand nous prenons le cas des CRFPE, ce sont les inspecteurs qui ont suivi une formation de 2 ans à la FASTEF (la Faculté des Sciences et Technologies de l’Education et de la Formation de l’Université de Dakar) et qui sortent comment inspecteurs qui ont la possibilité d’intégrer la formation initiale des enseignants. Mais quand vous sortez comme inspecteurs vous êtes déjà dans le pilotage du système éducatif. Vous êtes dans la conception, dans l’accompagnement mais aussi dans la formation. Quand vous sortez comme inspecteur vous faites des activités de terrain, vous faites des activités de classe en accompagnant les enseignants dans la formation continue et là uniquement vous avez la possibilité d’être transféré dans un Centre Régional de Formation pour aller vers la formation initiale des enseignants. C’est donc davantage une formation « sur le tas », qui n’est pas très bien structurée.

C’est pour cela que l’accompagnement technique de l’INSPÉ vient apporter une plus-value à l’expertise des formateurs. C’est également pour cela que, dans nos perspectives, nous avons même imaginé aller au-delà des centres pour essayer d’accompagner les inspecteurs qui sont dans l’académie et qui sont également des formateurs.

 

INSPÉ Lille HdF : Souhaiteriez-vous partager avec nous vos premières observations sur l’organisation de la formation des enseignants au sein de l’INSPE Lille HdF ?

Papa Allé DIAGNE : Les niveaux sont très différents. Ce que nous pourrons donc essayer de faire c’est d’implanter chez nous les bonnes expériences que nous avons capitalisées à l’INSPÉ.

 

INSPÉ Lille HdF : Par exemple ?

Papa Allé DIAGNE : Les différents modules que nous avons suivis, les champs de formation, l’utilisation de nouvelles approches avec nos élèves maîtres qui sont actuellement en formation initiale, etc. Mais ce qui est bien surtout, c’est la possibilité d’aller vers la formation continue avec les enseignants qui sont déjà sur le terrain.

Nous avons vécu de belles expériences en immersion à l’INSPÉ et nous avons réellement le souhait de les implanter au Sénégal.

Oumar Dia : C’est vrai que là-bas et ici c’est un peu différent. On voit que vous utilisez beaucoup de moyens pour développer cette formation [Master PIF parcours EDLF] et on constate aussi qu’il y a une autonomie, une responsabilisation chez les étudiants. Ici, l’autonomie et la liberté sont beaucoup plus poussées qu’au Sénégal. Ce sont des choses qu’il nous faudra encore revoir et développer.

Seydi Guissé : Pour vous donner un exemple, en termes d’approche, ici la verticalité dans l’intervention des formateurs n’est pas très affichée. Ce qui permet, au contraire, une reconnaissance de la cible. On reconnaît l’expertise de la cible, on la valorise et à partir de là on essaie de développer des pratiques professionnelles. C’est une approche qui est moins évidente chez nous. Nous avons beaucoup plus une logique de transmission directe.

Je pense donc que les formateurs qui sont inscrits en master vont intégrer ces pratiques et les reproduire avec les élèves maîtres.

Ensuite il y a aussi l’effet miroir. C’est-à-dire, regardez-moi faire et apprenez à reconduire mes gestes tout en les développant en vous basant sur vos propres ressources.

Papa Allé DIAGNE : Il ne s’agit pas de copier, ce n’est pas une modélisation mais on vous incite à vous inspirer de ce que vous avez vécus et, à partir de vos propres ressources, de créer votre propre ingénierie.

Seydi Guissé : Là aussi c’est sans doute un aspect que les formateurs vont intégrer dans leurs gestes au quotidien, dans leur relation avec les élèves maîtres.

 

INSPÉ Lille HdF : Pour conclure, est-ce que vous pourriez nous dire quelles sont les prochaines étapes de ce projet ?

Papa Allé DIAGNE : Nous venons de terminer la première phase du projet avec la diplomation, à terme, de 8 étudiants. Nous allons donc boucler cette première phase pour aller maintenant vers une extension du projet. Extension qui va nous permettre de continuer à travailler et élargir ce partenariat dans l’académie de St Louis. Ça peut ne pas être un accompagnement par rapport à la certification ou bien à la diplomation, mais nous souhaitons accompagner les inspecteurs pour qu’ils puissent améliorer leurs gestes en situation de formation dans l’académie de St Louis.

Je pense que cette extension peut même nous amener jusqu’au ministère de l’éducation nationale du Sénégal.

Donc voilà nos perspectives et, actuellement, le dossier est en cours de suivi avec Erasmus+ pour 3 ans, de 2022 à 2025. C’est là où nous en sommes pour l’instant.